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L’emploi de la céramique pour décorer deux hôtels particuliers en 1891 et 1893 dans le quartier d’Auteuil à Paris, révèle très tôt l’esprit créatif et novateur du jeune architecte Hector Guimard, encore élève à l’École nationale des Beaux-Arts. Déjà, les thèmes floraux, les coloris et les lignes des dessins des panneaux décoratifs qui ornent ces demeures annoncent l’Art nouveau et éveillent l’attention de l’entreprise Muller & Cie qui produit ces panneaux et qui les éditera.

En faisant appel à deux autres fournisseurs, l’entreprise Gilardoni & Brault et Alexandre Bigot, Guimard entre avec éclat dans l’Art nouveau en réalisant le décor et l’aménagement du Castel Béranger à partir de 1895. Décidé à être le créateur de chaque détail décoratif de cet immeuble de rapport qui va lancer sa carrière, il confirme sa capacité à exploiter la nature de chaque matériau pour en donner des propositions qui soient à la fois modernes et économiques. La céramique le sert alors à merveille dans des créations fougueuses où le travail manuel de la terre et même l’empreinte des doigts sont pleinement visibles. Panneaux du vestibule et des façades, cheminées, boutons de porte, tout un univers mouvant et coloré accompagne visiteurs et habitants du Castel.

Mais plus qu’avec cet immeuble, parisien mais excentré, c’est avec l’étourdissant porche d’immeuble en grès émaillé du stand de Gilardoni & Brault à l’Exposition nationale de la Céramique en 1897, que le public fait vraiment connaissance avec le style de Guimard. Parallèlement aux décors fixes qu’il continue de créer, il conçoit aussi ses premiers modèles de pots, de vases et de jardinières qu’il confie tout d’abord à ses fournisseurs du Castel Béranger. Mais bientôt des collaborations plus prestigieuses s’établissent, avec Edmond Lachenal et surtout avec la Manufacture de Sèvres, laquelle lui commande, de 1900 à 1902, trois modèles édités en petite série qui comptent parmi les plus belles réussites de l’époque.

Cette consécration de Guimard est aussi le début d’une certaine vulgarisation de ses œuvres qu’il ne pourra que partiellement accompagner : un certain nombre de faïenceries le copient ou s’inspirent de son travail pour mettre sur le marché un grand nombre de modèles de vases. Par la suite, malgré la création de multiples modèles en plâtre dont il nous reste le souvenir photographique, Guimard ne semble plus avoir retrouvé d’éditeur décidé à le soutenir. Et dans le domaine de la céramique architecturale, sa dernière création pourrait avoir été, vers 1911, un encadrement de baie pour l’hôtel Mezzara qui annonce les futures tendances de l’Art déco.

Un autre matériau, la lave émaillée, va beaucoup intéresser Guimard, mais pendant une période relativement brève, à peine une décennie. Dès la fin de l’aménagement du Castel Béranger en 1898, avec le concours du fabricant parisien Eugène Gillet, il en exprime les qualités intrinsèques et revivifie cette technique artistique en la sortant de sa production de tableaux peints à l’épreuve du temps. Le chantier des accès du métro de Paris et la maison Coilliot à Lille en sont les illustrations les plus marquantes.

 JEAN CARRIES (1855-1894)

JAPANESE BOTTLE, CIRCA 1900
Glazed stoneware, multilayered in brown, blue and pink dripping
Signed and numbered 30 underneath
15.5 cm. high

PIERRE ADRIEN DALPAYRAT (1844-1910)

IMPORTANT PITCHER, CIRCA 1900
Glazed grès
Signed underneath
26 cm. high

 MANUFACTURE NATIONALE DE SEVRES

LÉON KANN, FORM DESIGNER

COFFEE SERVICE “FENOUIL”, 1898
White porcelain glazed white with green highlights
Bearing the manufacturer’s oval stamp for 1898 under each piece